Débarquements d’aloses feintes par la pêcherie professionnelle maritime

  • État 2023 non défini : Référentiel et seuils inconnus actuellement.
  • Tendance 2023 stable  : en comparaison avec la moyenne des 5 dernières années. État et tendance validés par le groupe général Tableau de Bord le 7 mars 2024.

Espèce / stade visé :

Aloses feintes en montaison.

Objectif :

L’objectif est de caractériser la pression de la pêche professionnelle des aloses en mer. Les résultats présentés concernent uniquement les débarquements d’aloses en criées. Normalement, seules les feintes sont prises en compte car les grandes sont interdites à la pêche.

Détails du suivi :

Dans le but d’obtenir des informations complémentaires sur les captures des poissons migrateurs en mer, les trois criées de Charente-Maritime ont été contactées en janvier 2013 (La Rochelle, La Cotinière et Royan). Ce sont les lieux de débarquement et de vente des pêcheurs professionnels maritimes.
Depuis janvier 2014, les résultats proviennent de France Agrimer (Réseau Inter Criées).

Il faut préciser que les débarquements à la criée de Royan concernent surtout les captures effectuées sur la Gironde ou au large de cet estuaire. Les aloses débarquées sont donc probablement des aloses qui étaient destinées au bassin versant Garonne-Dordogne plutôt que Charente.
C’est pourquoi, en mars 2020 il a été décidé de ne présenter que les débarquements d’aloses dans les 2 criées de La Cotinière et de La Rochelle.

Résultats :

La distinction ou non des deux espèces proviennent des informations fournies par France Agrimer – Réseau Inter-Criées. Ces données sont provisoires.

On constate que les captures 2016 (11 tonnes) sont très supérieures à la moyenne depuis 2008. C’était au moment de la mise en place de la licence spécifique pour les captures d’aloses. De nombreux pêcheurs avaient débarqué leurs aloses pêchées.

Débarquements d’aloses dans les 3 criées, par mois :
D’après les données traitées entre 2008 et 2019, les débarquements d’aloses se déroulent surtout en avril et mai.
En 2016, a Royan, il n’y avait pas eu de débarquements depuis mai 2009.
Entre 2012 et 2015, les débarquements d’aloses en Charente-Maritime ne se faisaient quasiment plus qu’à La Rochelle.

Les valeurs de 2008 et 2009 correspondent, en majorité, à des grandes aloses.

Réglementation et saison de pêche :

Il faut rappeler que la grande alose est interdite à la pêche amateur comme professionnelle sur le bassin de la Charente, en estuaire et en pertuis charentais depuis 2009 (moratoire) (voir arrêté en bas de page).
La pêche de l’alose feinte est autorisée du 1er janvier au 15 mai. Cette réglementation s’applique sur une zone déterminée entre la limite des départements de la Vendée et de la Charente-Maritime au nord et la limite entre la Gironde et le Landes au sud (coordonnées GPS dans arrêté en bas de page).

Données historiques et référence :

Il n’y a pas actuellement de référentiel. Il se peut qu’à l’avenir on se base sur la médiane des valeurs disponibles sur plusieurs années.

Les observations de migrateurs en mer :

Pour compléter le suivi des débarquements en criées et avoir une information sur les dates de première arrivée des aloses dans les pertuis et dans l’estuaire de la Charente, nous avons recherché les observations d’aloses en mer.

Dés le début de l’année 2012, un suivi de récolte des observations provenant des acteurs du milieu marin et estuarien susceptibles d’observer des poissons migrateurs. Pour cela, nous avons contacté le Comité Régional des Pêches de Poitou-Charentes (CRPMEM PC). Une note destinée aux pêcheurs professionnels maritimes a été diffusée (annexe 1) avec leur accord.
Enfin, ajoutons que le COGEPOMI Garonne Dordogne Charente Seudre Leyre a décidé, le 6 décembre 2012, d’améliorer le suivi des captures accidentelles de poissons migrateurs par les pêcheurs professionnels (marins ou fluviaux). En effet, la question d’un soutien des effectifs d’aloses a été évoquée et il est primordial d’avoir le maximum d’informations sur les populations d’aloses dans les pertuis et les estuaires.

Pour aller plus loin :
D’après Baglinière et Elie (2000), l’alose feinte est plutôt côtière et elle est fréquemment retrouvée sur des fonds de moins de 20 m. Elle serait présente tout au long de l’année aux alentours de l’Ile de Ré (Auteur inconnu, 1986). De plus, le rapport d’Acou et al. (2013) montre que « l’espèce est présente quasiment toute l’année en pertuis (forte occurrence selon un modèle prédictif des occurences établit d’après les observations de captures en mer). (…) Les zones estuariennes apparaissent comme des habitats écologiques essentiels, non seulement de transit, mais aussi de stabulation en cas de mauvaises conditions dans les fleuves et de préparation au passage en eau douce ».
La grande alose se retrouve plutôt sur des zones profondes de 70 à 300 m de profondeur et elle se rapproche des côtes avant sa migration vers les frayères en rivières (Baglinière et Elie, 2000). Cependant, selon Acou et al. (2013), « elle se positionne clairement, à tous les stades, dans le réseau pélagique côtier. Il est difficile d’estimer précisément l’éloignement à la côte mais il ne semble pas que les individus capturés (juvéniles et adultes), dans le cadre du programme, s’alimentent au-delà du plateau continental. Même si ce phénomène apparaît moins marqué que chez l’alose feinte, la grande alose réalise également des allers retours à fréquence non négligeable en estuaire suggérant une dispersion par éloignement des côtes assez peu importante au moins au stade juvénile (≤ 2 ans). Ces résultats suggèrent que l’estuaire n’est pas seulement un corridor migratoire pendant les phases de migration ».

Source :
Acou A., Lasne E., Réveillac E., Robinet T. & Feunteun E. (2013). Programme de connaissances « Amphihalins Natura2000 en mer ». Evaluation de la suffisance du réseau Natura2000 en mer pour les espèces amphihalines et éléments de réponse aux recommandations émises en zone atlantique. Rapport de synthèse du Muséum National d’Histoire Naturelle, Stations marines de Dinard et Concarneau. 25 pages.


Effectif en migration à Crouin

  • État 2023 mauvais : 205 aloses feintes, en comparaison avec le maximum observé à la passe en 2015 (1763).
  • Tendance 2023 stable : en comparaison avec les 5 dernières années. État et tendance validés par le groupe général Tableau de Bord le 7 mars 2024.

Passages en montaison des aloses feintes : les tailles des aloses sont mesurées d’après les enregistrements vidéos. Les deux espèces peuvent être différenciées d’après ces mesures. Les chiffres présentées sont ceux des aloses feintes « sûres » d’après analyse statistiques (Dartiguelongue, 2019).
Le nombre total d’aloses (grandes et feintes) en montaison était de 555 en 2024.

Seuils et Référence : Il est décidé de baser l’Etat sur la comparaison avec le maximum connu à la station de comptage, soit 1763 aloses feintes en 2015, comme suggéré par le groupe DATAPOMI. Pour la tendance, on se basera sur une comparaison avec les 5 dernières années.

Objectifs :

Il s’agit de connaître annuellement le nombre d’aloses feintes en montaison au niveau de la passe. Le nombre d’aloses totales est présenté dans le graphique ci-dessous.

La comparaison entre les grandes aloses et les aloses feintes est réalisée à partir de la longueur totale mesurée à la station.

Le graphique ci-dessous présente le nombre d’alose feintes considérées comme « sûrs ». Il s’agit donc d’un minimum.

Détails du suivi :

Le suivi se fait par le comptage des poissons qui empruntent la passe à bassins. Pour cela, Le site est équipé d’une chambre étanche, vitrée, aménagée en amont de la passe à bassins, avec un système d’enregistrement vidéo. Une autre chambre étanche, vitrée, de l’autre côté de la passe permet d’assurer un éclairage continu de la colonne d’eau (rétro-éclairage).

Photo passe Crouin extérieur
Aloses en montaison dans la passe

Fournisseurs de données :

La Cellule Migrateurs a récupéré les enregistrements vidéos de la station de comptage et dépouillé les fichiers entre 2010 et 2012. Ensuite, un prestataire (SCEA Jean Dartiguelongue) a repris ce travail.

Activités des frayères

  • État 2023 moyen : 94% des frayères ont été actives (15 sur 16).
  • Tendance 2023 stable : en comparaison avec les 5 dernières années.
    État et tendance donnés par le groupe général Tableau de Bord le 7 mars 2024.

Objectifs :

Observation de l’activité des frayères d’aloses feintes.

Bilan du suivi des frayères en 2023 :

Quasiment toutes les frayères d’alose feinte prospectées sur la période de reproduction 2023 (15 sur 16) ont été actives au moins une fois.

94% des frayères ont été actives.

Détails du suivi :

Le suivi se fait par l’écoute des bulls d’aloses entre avril et juin sur les sites potentiels décrits par les études de 2001 (Fabien Millot, 2001), celles des potentialités piscicoles de 2003 (Hydroconcept, 2003) et les sites complémentaires proposés par l’ONEMA/Cellule Migrateurs en 2009.
Le bull correspond au bruit caractéristique effectué par les aloses lors de leurs déplacements circulaires à la surface de l’eau pour expulser leurs gamètes. La reproduction a lieu la nuit avec un pic d’activité vers 2h.

Pour les suivis, les Fédérations de pêche 17 et 16 ainsi que l’ONEMA 16 et 17 accompagnent les membres de la Cellule Migrateurs.

Un binôme est nécessaire pour chaque écoute. Sur chaque site, le nombre de bulls est comptabilisé par période de 15 minutes. On réalise au moins 2 périodes de 15 minutes par site, de préférence sur la période de la nuit où les bulls sont les plus nombreux, entre minuit et 3 heures.

Effectif de géniteurs à Taillebourg

  • État 2023 mauvais : En comparaison avec le maximum connu (7497 en 2013)
  • Tendance 2023 stable : 3143 géniteurs estimés, proche de la moyenne des 5 dernières années (2018-2022 = 2307)
    État et tendance validés par le groupe général Tableau de Bord le 7 mars 2024.

Objectifs :

L’effectif de géniteurs correspond au nombre estimé de géniteurs d’aloses feintes sur la principale frayère d’aloses feintes, Taillebourg.

Bilan des reproductions en 2023 :

Détails du suivi :

Le suivi se fait par l’écoute des bulls d’aloses entre avril et juillet sur le site de Taillebourg.
Le bull correspond au bruit caractéristique effectué par les aloses lors de leurs déplacements circulaires à la surface de l’eau pour expulser leurs gamètes. La reproduction a lieu la nuit avec un pic d’activité vers 2h.

Un enregistreur audio-numérique est placé sur Taillebourg. Des calibrages sont réalisés afin de quantifier la proportion du nombre de bulls entendus par les enregistreurs par rapport à l’oreille humaine. Les appareils sont posés une fois par semaine. Six nuits de calibration avec une écoute humaine sur place (binôme) sont réalisées sur la saison. L’échantillonnage n’est pas continu, les données des nuits manquantes sont extrapolées.

L’étude de 2014 avait abouti à une méthode d’estimation du nombre de bulls par frayère. Le nombre de géniteurs est estimé à partir du nombre de bulls comptabilisé en utilisant plusieurs hypothèses basées sur le fractionnement de la ponte des aloses en relation avec la maturation progressive des ovocytes dans le temps (Taverny, 1991 ; Cassou-Leins et al., 2000 in Chanseau et al., 2006). Les hypothèses de calcul utilisées sont (Cassou-Leins & Cassou-Leins, 1981) :

  • les géniteurs ne se reproduisent que sur une seule frayère,
  • un bull donne lieu à une ponte,
  • à un bull correspond une seule femelle et un mâle,
  • une femelle pond 5 à 7 fois au cours d’une saison de reproduction.

Le nombre de géniteurs est finalement calculé d’après la formule :
Géniteurs sur le site = ((Nombre de bulls total )/(Nombre de ponte))×2

Linéaire accessible

Sur l’axe Charente

  • État 2023 moyen car supérieur au seuil à Châteauneuf-sur-Charente (140 km de l’Océan) fixé arbitrairement. (2023 : Malvy à 142 km de l’Océan soit 56% du linéaire totale accessible historiquement : Ruffec à 255 km)
  • Tendance 2023 stable comparée aux 5 dernières années à Saint Savinien : 19%
    État et tendance validés par le groupe général Tableau de Bord le 7 mars 2024.

ZOOM sur la Boutonne en fin de page !

Objectifs :

Ce paramètre représente la distance accessible sans difficulté apparente pour l’alose de l’océan jusqu’au premier obstacle rencontré au cours de sa migration. Ce linéaire représente donc les zones de reproduction, de croissance et de vie des aloses qui peuvent être potentiellement occupées sans impact sur leurs migrations.

Résultats :

Sur l’axe Charente :
Le premier ouvrage sur la Charente est le barrage de Saint- Savinien qui est de classe 3 (difficilement franchissable). Ce barrage est maintenant équipé d’une passe à poissons multispécifiques depuis l’été 2019. Le linéaire accessible sans difficulté apparente de franchissement d’ouvrages est alors à Malvy, premier ouvrage non aménagé depuis la mer à 142 km soit de 56% du linéaire total potentiel (historique jusqu’à Ruffec (255 km).

Pour la représentation cartographique, ce linéaire annuel est signalé par un surlignage de couleur de chaque cours d’eau sur la portion accessible de l’océan jusqu’au premier ouvrage bloquant. L’indication du front historique est mentionnée. Bien qu’il soit lié au front de migration, ce descripteur reste un paramètre de milieu car il découle de l’aménagement des ouvrages.

Détails du suivi :

L’objectif à atteindre est le front de migration historique. Le linéaire accessible annuel est la distance de l’océan jusqu’au premier ouvrage non traité (aménagement ou gestion) de classe 3 (difficilement franchissable). La classe de franchissabilité prise en compte est celle établit par l’OFB.
Il faudra séparer l’axe principal des affluents. Sur l’axe principal, l’objectif 100% est la distance de l’océan à Ruffec. Concernant la Boutonne, l’objectif à atteindre est Voissay.

Choix des seuils :

Pour permettre de donner un état à ce descripteur, des seuils ont été choisis.
Etat mauvais = <50%
Etat moyen = entre 50 et 90%
Etat bon = >90%

Sur la Boutonne  :
En ce qui concerne la Boutonne, Carillon est le premier ouvrage (classe 4) à 1 km de la confluence avec la Charente. On prendra comme linéaire accessible optimale (100%), la distance de la confluence jusqu’à Voissay soit 24km car il n’y a pas de frayères d’aloses connues en amont du barrage de Voissay.

Barrage de Carillon (1er ouvrage sur l’axe Boutonne depuis la confluence avec la Charente)